Le Petit bal perdu, d’après l’œuvre de Bourvil

Elu « 2ème spectacle de l’année » au Québec (Le devoir)

Plus de 750 représentations en France, Belgique (dont Francofolies de Spa), Canada, République Tchèque, Géorgie.

Ce spectacle n’est plus à l’affiche.

Conception et mise en scène Jean Pascal Viault
Avec Sylvain Luquin, Didier Caron, et en alternance Philippe Boreczek/Jacky Lignon/Michel Nourry

Qu’est-ce donc que ce petit bal? «Cabaret pour enfants, à partir de sept ans, leurs parents et leurs grands-parents», précise la brochure publicitaire. Source: Coup de cœur francophone

C’est le spectacle dont je garde le souvenir le plus ému, le plus souriant et le plus chantant de tous les spectacles recensés en ces pages depuis 15 ans, outre mes obsessions rock’n’roll (Springsteen, Brian Wilson, Hallyday et compagnie). C’était aux FrancoFolies de Spa, en 2003. Le Petit Bal perdu, d’après l’oeuvre chantée de Bourvil, que ça s’appelait. Que ça s’appelle encore puisque, après quelque 500 représentations à travers l’Europe, le spectacle traverse la grande mare pour la première fois, réquisitionné par le Coup de coeur francophone et quelques diffuseurs associés. Une douzaine de spectacles dans cinq villes, à commencer par celui de ce soir à la Maison de la culture Maisonneuve (rue Ontario, dans l’ancienne caserne). J’y retourne, c’est sûr. Avec mes amis et leurs familles. Et vous. Et vos familles.

Qu’est-ce donc que ce petit bal? «Cabaret pour enfants, à partir de sept ans, leurs parents et leurs grands-parents», précise la brochure publicitaire. Autrement dit: un spectacle destiné à quiconque a encore et toujours sept ans quelque part en dedans. Autrement dit: une sortie bénéfique à toute personne ayant un potentiel d’émerveillement, fût-il si profondément enfoui qu’on le croit perdu. Perdu comme ce «petit bal» que chantait André Raimbourg, dit Bourvil, en 1961, sur un p’tit air de Gaby Verlor avec les mots doux de Robert Nyel. «Non, je n’me souviens plus du nom du bal perdu / Ce dont je me souviens, c’est qu’on était heureux…»

En clair, c’est du théâtre chanté, mis en scène par Jean-Pascal Viault, qui dirige L’Yonne en scène, troupe itinérante. En plus clair encore, c’est un spectacle qui se passe dans un bistrot, ou plutôt un spectacle qui est le bistrot, avec le patron (Sylvain Luquin), sa casquette, sa serviette humide, les verres, les trois musiciens (Michel Noury et Jacky Lignon aux accordéons, Didier Caron aux guitares), les chansons de Bourvil et vous et moi. Et de la tendresse et de la drôlerie et du ravissement tout autour du zinc. «Le principe est de mettre le spectateur acteur de la situation décrite dans la chanson, explique Viault à son bout du fil. Par exemple, quand on arrive à Tatane, une chanson peu connue de Bourvil qui parle d’un type qui est la tête de Turc de tout un village, le patron du bistrot se trouve une tête de Turc dans la salle. Du coup, les autres spectateurs s’identifient à cette personne et vivent ce que raconte la chanson.»

C’est le merveilleux de l’affaire. On est dans les chansons et on est au bistrot. D’ailleurs, le patron grincheux fait le service. «À partir d’un moment, on oublie qu’on est au théâtre. On est dans un endroit convivial où on a le droit de causer, mais à nos risques, parce que le patron peut nous engueuler, car c’est un personnage assez particulier.» Personnage qui n’est surtout pas le Bourvil qu’avait créé le comédien, cet «auguste dégingandé aux chaussettes étirées» (dixit la brochure). «On n’a jamais cherché à travailler sur le physique ou sur les expressions, la voix. Mais il me plaît à dire que si on avait associé un directeur artistique au spectacle, ce serait Bourvil.»

Et il serait content, le Bourvil, parce que, mine de rien, ce spectacle chamboule. «L’émotion transcende les cultures. On a eu des spectateurs d’origine maghrébine, africaine, tchèque, espagnole. Et il se passe les mêmes choses. Il y a le grand-père, les larmes aux yeux parce qu’il a retrouvé son petit bal perdu à lui, et sa petite-fille qui lui prend la main.» Et puis les deux s’esclaffent l’instant d’après: j’ai vu ça à Spa. À travers mon propre regard embué.

Les frais de transport étant prohibitifs, le chouette décor de bistrot d’antan ne fera pas le voyage. «On apporte les instruments et quelques accessoires, c’est tout. Pour le reste, on jouera avec les éclairages et on prendra les bistrots comme on les trouvera. On avait trop envie de venir.» De toute façon, il y a ce qu’il faut dans les chansons: des abeilles, un pêcheur, des crayons, une mariée, un bouquet de fleurs, un maître d’école, une salade de fruits et même quelques Papous. «Des Papous gentils comm’ tout… »

Sylvain Cormier (Le Devoir – Montréal/Qc)

Les dix meilleurs spectacles venus d’ailleurs en 2003 au Québec
30 décembre 2003, Sylvain Cormier (Le Devoir)

– 1. Bruce Springsteen & The E Street Band au Centre Bell.

– 2. Le Petit Bal perdu de Bourvil (FrancoFolies de Spa). «Cabaret pour enfants à partir de sept ans et leurs grands-parents…», disait le programme. J’ai découvert un épatant spectacle qui se passait dans un faux bistrot dont j’étais comme les autres spectateurs l’un des faux clients, public-acteur d’un merveilleux petit théâtre en forme de comédie musicale émaillée des chansons de Bourvil. Le patron était un peu le Bourvil énervé, l’accordéoniste un peu le Bourvil faire-valoir, un brin simplet. Et ils chantaient Le Pêcheur et Tatane et Les Crayons et Vive la mariée et c’était tendre et drôle et triste aussi. À toutes les tables, on chantait, on riait, on pleurait, on était pris à partie par le patron grincheux et on réagissait. Et on était heureux, je peux à peine vous exprimer à quel point. J’avais sept ans et 42 en même temps, les yeux écarquillés, la bouche ouverte. Et je me disais que ce petit bal perdu devra bien un jour se retrouver au Québec

– 3. Vincent Delerm au Cabaret Music Hall.
– 4. Sarclo & Co au Lion D’Or
– 5. Sanseverino au Nouveau Club Soda
– 6. Jane Birkin au Spectrum
– 7. Elvis Costello & The Imposters à la salle Wilfrid-Pelletier de la PdA s. Plein d’autres.
– 8. Serge Reggiani à la Grande Salle du Casino de Spa aque chanson comme si c’était la
– 9. Sttellla au Cabaret Music Hall
– 10. David Bowie au Centre Bell.

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